EN BREF
  • 🔥 Les incendies urbains comme celui d’Eaton ont entraîné une augmentation alarmante des niveaux de plomb et de chlore dans l’air.
  • 📊 Le réseau ASCENT utilise des instruments de haute précision pour surveiller en temps réel la composition chimique des aérosols.
  • 🌬️ Les particules fines, ou PM2.5, sont clairement associées à des problèmes de santé publique, nécessitant une attention accrue.
  • 📉 Grâce aux réglementations, les concentrations de plomb ont diminué de 98 % depuis les années 1980, mais les défis persistent.

Les incendies urbains ne sont pas seulement des catastrophes visuelles, ils laissent aussi derrière eux des signatures chimiques invisibles mais détectables. Le 9 janvier 2025, après l’incendie dévastateur d’Eaton près de Pasadena, en Californie, une série d’instruments scientifiques a détecté une augmentation alarmante des concentrations atmosphériques de plomb et de chlore à Pico Rivera, à environ 18 kilomètres au sud. Ces éléments, bien connus pour leur toxicité à faible concentration, ont atteint des niveaux respectivement 100 et 40 fois supérieurs à la normale.

Cette situation a mis en lumière l’importance de la surveillance continue des particules atmosphériques, une tâche à laquelle s’attelle le réseau ASCENT (Atmospheric Science and Chemistry mEasurement NeTwork) de Caltech. Ce réseau, composé de 12 sites, surveille en temps réel les particules de l’air afin de comprendre les modifications chimiques et physiques des aérosols. L’événement de Los Angeles a permis de recueillir des données précieuses, remettant en question les signatures chimiques typiques des incendies de forêt et soulignant la singularité des incendies urbains alimentés par le vent.

Les incendies d’urbanisation : une menace cachée

Dans un enfer de flammes les pompiers luttent sans relâche inconscients des toxines invisibles qui sélèvent et menacent lair bien après lextinction du brasier

Les incendies urbains, bien que souvent moins spectaculaires que les feux de forêt, peuvent être tout aussi destructeurs, sinon plus sur le plan chimique. Contrairement aux feux de forêt, qui laissent une signature bien définie dans l’air, les incendies urbains introduisent une variété d’éléments inattendus. Après l’incendie d’Eaton, les niveaux de potassium, un marqueur habituel des feux de forêt, ont été éclipsés par d’autres éléments comme le plomb et le chlore. Cette découverte a mis en évidence la nécessité de différencier les signatures chimiques des divers types d’incendies.

Les particules détectées lors de cet incendie n’étaient pas typiques d’un feu de forêt, mais plutôt d’une tempête de feu urbaine. Les vents puissants ont poussé les panaches de fumée vers le sud, directement vers la station ASCENT de Pico Rivera, permettant ainsi aux scientifiques de collecter des données pertinentes sur l’impact de l’incendie. Les concentrations de plomb et de chlore ont atteint des niveaux de microgrammes par mètre cube, alors qu’elles devraient normalement rester à des niveaux de nanogrammes. Cette augmentation dramatique souligne la gravité de l’impact chimique des incendies urbains.

Le rôle crucial du réseau ASCENT

Sous un ciel embrasé la fumée transporte un danger insidieux des particules de plomb et de chlore sinfiltrent dans latmosphère laissant une empreinte toxique sur la ville

Le réseau ASCENT, dirigé par le California Institute of Technology, joue un rôle essentiel dans la surveillance de la qualité de l’air. Depuis juillet 2023, le site de Pico Rivera, sous la supervision de Caltech, collecte en continu des données sur les particules atmosphériques. Cette initiative vise à fournir une caractérisation en temps réel et à haute résolution de la matière particulaire, permettant ainsi de mieux comprendre l’évolution de la composition chimique de l’air.

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Haroula Baliaka, étudiante à Caltech, explique que le réseau est conçu pour capturer des données précieuses lors d’événements tels que les incendies d’Eaton. Lors des incendies canadiens l’année précédente, le site ASCENT de New York avait capturé des panaches de fumée quelques jours après l’événement, démontrant ainsi l’importance de cette infrastructure de surveillance à l’échelle nationale. Grâce à des protocoles de fonctionnement uniformes et à une suite de quatre instruments, les données collectées peuvent être comparées à travers le pays, fournissant ainsi un aperçu cohérent de l’état de l’air.

Les implications pour la santé publique

Tandis que les flammes consument Eaton une autre menace séchappe dans lair un cocktail chimique invisible dont les effets persistent bien au delà des cendres

Les données collectées par le réseau ASCENT ne sont pas seulement d’importance académique. Elles ont des implications directes pour la santé publique. Les particules fines, connues sous le nom de PM2.5, ont des associations statistiques claires avec divers problèmes de santé. Ces particules, plus petites que 2,5 microns de diamètre, peuvent pénétrer profondément dans les poumons et causer des problèmes respiratoires.

Richard Flagan, professeur à Caltech, souligne que la collecte de données sur les PM2.5 a pris des décennies pour établir des associations statistiques nécessaires à la mise en place de normes de qualité de l’air par l’EPA. Les instruments tels que le Scanning Mobility Particle Sizer (SMPS), inventé par Flagan, jouent un rôle crucial en fournissant une distribution complète de la taille des particules détectées au fil du temps, ce qui est essentiel pour comprendre l’impact des aérosols sur la santé humaine.

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Évolution des concentrations atmosphériques de plomb

Historiquement, les concentrations de plomb dans l’atmosphère étaient nettement plus élevées. Cependant, grâce à des réglementations strictes, y compris l’élimination du plomb dans l’essence, les niveaux de plomb ont diminué de 98 % entre 1980 et 2014. Les données de l’EPA montrent que nous avons parcouru un long chemin vers un air plus propre.

Bien que les niveaux détectés après l’incendie d’Eaton aient été choquants, il est essentiel de les contextualiser. Les concentrations de plomb mesurées en 2010 étaient encore plus élevées que celles observées après l’incendie, en raison de l’utilisation de l’essence plombée. Ces comparaisons historiques soulignent les progrès réalisés dans la réduction de la pollution atmosphérique et l’importance de maintenir des efforts continus pour protéger la qualité de l’air.

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L’importance de la préparation et de la réponse

Face à la menace croissante des incendies, qu’ils soient urbains ou forestiers, la préparation et la réponse rapide sont essentielles. Les données collectées par des réseaux comme ASCENT permettent non seulement de comprendre l’impact immédiat des incendies sur la qualité de l’air, mais aussi de prévoir les conséquences à long terme sur la santé publique et l’environnement. La capacité à surveiller en temps réel les changements dans la composition chimique de l’air est un outil puissant pour les chercheurs et les décideurs politiques.

Avec l’installation de nouvelles stations de mesure des aérosols par le SCAQMD, la collecte de données supplémentaires sera possible, fournissant ainsi des informations encore plus détaillées sur l’impact des incendies. Cette approche proactive est essentielle pour améliorer la résilience face aux incendies et réduire les impacts négatifs sur les communautés.

En renforçant notre compréhension des signatures chimiques des différents types d’incendies, nous pouvons mieux préparer les systèmes de réponse et de régulation de la qualité de l’air. Comment cette nouvelle compréhension influencera-t-elle les politiques futures de gestion des incendies et de la qualité de l’air ?

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Baptiste Lemoine, journaliste passionné par les innovations écologiques et les technologies durables, met son expertise au service de VivreDemain.fr. Diplômé de la City, University of London en journalisme, il allie rigueur analytique et talent rédactionnel pour explorer les solutions vertes et les innovations qui façonnent un avenir plus respectueux de la planète. Avec un regard tourné vers l’avenir, il s’efforce d’informer et d’inspirer les lecteurs à agir pour un monde meilleur. Contact : [email protected]

7 commentaires
  1. aurélie_passion le

    C’est vraiment inquiétant ces niveaux de plomb et de chlore. Quelles sont les mesures prises pour protéger les habitants ?

  2. Clairebouclier le

    Les incendies urbains sont sous-estimés, mais ils semblent tout aussi dangereux que les feux de forêt !

  3. Xavier_dragon le

    Les niveaux de plomb ont diminué de 98 % depuis les années 80, c’est déjà une bonne nouvelle, non ?

  4. nadiamagie le

    Je me demande si ces niveaux élevés de toxines ont un impact à long terme sur la santé des résidents.

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