EN BREF
  • 🐋 Les krills antarctiques jouent un rôle clé dans le cycle du carbone, mais leur migration verticale est moins efficace que prévu.
  • 🔬 Une étude innovante utilisant le dispositif KOMBI a révélé que moins de 10 % du carbone organique est transporté vers les profondeurs océaniques par ces migrations.
  • 🌿 Les modèles climatiques actuels, basés sur des hypothèses dépassées, pourraient surestimer la contribution des krills au stockage de carbone de 215 %.
  • 🧩 Davantage de recherches sont nécessaires pour comprendre tous les mécanismes par lesquels les krills influencent le flux de carbone dans les océans.

L’Antarctique abrite l’une des plus vastes populations d’animaux sauvages, les krills, qui jouent un rôle crucial dans le cycle du carbone de notre planète. Jusqu’à récemment, la migration verticale de ces petits crustacés était considérée comme un processus clé pour le transfert de carbone des eaux de surface vers les profondeurs de l’océan. Cependant, de nouvelles recherches révèlent que cette contribution pourrait être bien plus limitée qu’on ne le pensait. Ces découvertes ont des implications significatives pour les modèles climatiques et les politiques de mitigation du changement climatique. Dans cet article, nous explorerons les résultats de ces recherches, la méthodologie utilisée, et les conséquences potentielles sur notre compréhension du cycle du carbone.

Une technologie innovante : le KOMBI

Le projet de recherche sur les krills en Antarctique a utilisé un outil technologique révolutionnaire connu sous le nom de KOMBI (Krill Observational Mooring for Benthic Investigations). Cet instrument, développé par la division Antarctique australienne, a été déployé à une profondeur de 387 mètres dans la baie de Prydz, près de la station de recherche de Davis. Le KOMBI est équipé d’une variété d’instruments conçus pour observer les krills et mesurer les propriétés de l’eau.

Petits mais essentiels les krills jouent un rôle clé dans le cycle du carbone océanique Pourtant de nouvelles recherches suggèrent que leur migration verticale aurait un impact moindre sur le stockage du carbone que ce que lon croyait remettant en question leur contribution aux puits océaniques

Parmi ces instruments, une caméra vidéo et un échosondeur orienté vers le haut ont été utilisés pour « voir » les krills se déplaçant entre le fond marin et la surface. Grâce à ces observations détaillées, les chercheurs ont pu suivre les schémas migratoires quotidiens des krills pendant une année complète. Cette approche novatrice a permis de recueillir des données précieuses, offrant un aperçu sans précédent de la dynamique des migrations de krills.

Les résultats obtenus grâce à cette technologie ont été surprenants. En combinant ces observations de terrain avec un modèle numérique, l’équipe de recherche a découvert que la migration verticale des krills transportait moins de 10 % du carbone organique particulaire des phytoplanctons de la surface vers l’océan profond. Ce chiffre est bien inférieur aux estimations antérieures, qui supposaient que cette migration jouait un rôle beaucoup plus important dans le transfert de carbone.

Les migrations saisonnières des krills

L’étude a également révélé que la proportion de la population de krills effectuant des migrations verticales variait considérablement selon les saisons. Pendant l’hiver, quand la productivité des phytoplanctons est basse, un plus grand nombre de krills migraient sur toute la distance entre la surface et le fond marin. En revanche, en été, les krills se limitaient à des migrations plus superficielles, atteignant environ 100 mètres de profondeur. Ce comportement saisonnier a une incidence directe sur la quantité de carbone exportée vers les profondeurs marines.

Le krill en mouvement un rôle moins décisif quimaginé dans le stockage du carbone

Le changement dans les comportements migratoires saisonniers signifie que les krills passent plus de temps à des profondeurs où les pellets fécaux, riches en carbone, ont plus de chances de se dégrader avant d’atteindre les fonds marins. Par conséquent, une moindre quantité de carbone est stockée à long terme dans l’océan profond. Cette découverte remet en question l’idée que la migration verticale est un moyen efficace pour le stockage du carbone à long terme.

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Ces variations saisonnières illustrent la complexité des mécanismes de flux de carbone et soulignent la nécessité de prendre en compte les comportements saisonniers dans les modèles de cycle du carbone. Les chercheurs soulignent que davantage d’études sont nécessaires pour comprendre pleinement comment les migrations de krills influencent le cycle global du carbone.

Implications pour les modèles de climat et de carbone

Traditionnellement, les données sur la migration verticale des krills ont été recueillies depuis la surface à l’aide d’échosondeurs embarqués sur des navires. Toutefois, ces observations sont limitées à des profondeurs d’environ 250 mètres et ne sont pas réalisables en hiver en raison de la glace de mer. Cette limitation a conduit à des modèles biogéochimiques qui, selon Dr. Abigail Smith, ne représentent pas fidèlement les cycles de carbone réalisés par les organismes migrateurs.

Les modèles de flux de carbone reposaient jusqu’à présent sur l’hypothèse qu’environ 50 % de la population de zooplancton, y compris les krills, migre quotidiennement vers l’océan profond. Cette estimation, combinée à la vaste biomasse des krills, suggérait une contribution significative au stockage du carbone. Cependant, les nouvelles données montrent que seulement 25 % des krills migrent annuellement, et principalement en hiver.

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Cette découverte implique que les modèles actuels pourraient surestimer la contribution de la migration verticale des krills à l’exportation de carbone d’environ 215 %, ce qui pourrait affecter la précision des modèles climatiques. Une réévaluation des modèles est donc nécessaire pour s’assurer qu’ils reflètent fidèlement les processus réels du cycle du carbone.

Le puzzle du flux de carbone

La recherche sur les krills met en lumière la complexité du cycle du carbone dans les océans et souligne la nécessité de données d’observation plus complètes. Bien que cette étude fournisse des informations précieuses, elle n’est qu’un élément du puzzle.

En plus de la migration verticale, les krills contribuent au flux de carbone par d’autres mécanismes tels que leur mortalité, la mue de leur exosquelette, l’excrétion et la respiration. Chacun de ces processus doit être compris pour obtenir une image complète du rôle des krills dans le cycle du carbone.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer ces mécanismes et pour fournir des estimations précises du flux de carbone. Ces informations sont essentielles pour informer les politiques climatiques et les stratégies de mitigation.

Vers une meilleure compréhension du rôle des krills

Antarctic krill poo sequesters 20 Million tonnes of carbon per year. Similar to saltmarsh 13, mangroves 24, and seagrass 44 MtC.
byu/IntrepidGentian inscience

Les découvertes récentes sur la migration des krills ouvrent de nouvelles perspectives pour l’étude du cycle du carbone dans les océans. En mettant en lumière les limitations des méthodes d’observation traditionnelles, elles soulignent l’importance de l’innovation technologique pour améliorer notre compréhension des processus naturels complexes.

La recherche continue sur les krills et leur rôle dans le cycle du carbone est essentielle pour affiner les modèles climatiques et développer des politiques efficaces pour atténuer le changement climatique. Les scientifiques doivent collaborer à l’échelle internationale pour recueillir des données plus complètes et diversifiées, couvrant différentes saisons et régions.

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Alors que nous progressons vers une meilleure compréhension du rôle des krills dans le cycle du carbone, il est crucial de réfléchir à la manière dont ces informations peuvent être intégrées dans les stratégies de gestion des ressources marines et de protection de l’environnement.

La recherche sur les krills représente une avancée significative dans notre compréhension du cycle du carbone océanique. Cependant, elle soulève également de nouvelles questions. Comment ces découvertes influenceront-elles les futures politiques climatiques ? Comment pouvons-nous améliorer encore notre compréhension des processus complexes qui régissent le cycle du carbone dans les océans ?

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Gaspard Roux, journaliste passionné par l’écologie et les enjeux du monde de demain, met son expertise au service de VivreDemain.fr. Diplômé d’une école de journalisme à Marseille, il s’efforce de rendre accessibles les grandes questions liées à l’environnement, à la durabilité et aux innovations pour un futur meilleur. Installé dans la cité phocéenne, il combine son engagement pour la planète avec une curiosité insatiable pour les solutions qui façonnent l’avenir. Contact : [email protected]

9 commentaires
  1. sébastien7 le

    Cette découverte va-t-elle changer la façon dont nous modélisons le cycle du carbone dans les océans ? 🤔

  2. aurorealpha le

    La technologie KOMBI semble vraiment innovante. Est-elle utilisée ailleurs pour d’autres recherches marines ?

  3. Maximeéclipse le

    Les modèles climatiques sont-ils souvent mis à jour avec de nouvelles données comme celle-ci ?

  4. Je me demande si d’autres animaux marins ont aussi été mal compris en termes de stockage du carbone.

  5. Marieéquinoxe le

    C’est fascinant comment une petite créature peut avoir un impact si grand (ou pas) sur notre planète ! 😄

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