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La question du changement climatique est l’un des défis les plus pressants de notre époque. Alors que les scientifiques et les écologistes cherchent des solutions innovantes pour réduire les émissions de dioxyde de carbone, une découverte inhabituelle a récemment attiré l’attention : les excréments de baleine. Ces géants des mers jouent un rôle essentiel dans la régulation des écosystèmes marins, et leurs déjections pourraient être une clé pour atténuer le réchauffement climatique. Cet article explore comment les scientifiques s’inspirent de la nature pour stimuler la productivité marine et capturer le carbone, en mettant l’accent sur l’impact des baleines et les initiatives de reproduction de leurs effets bénéfiques.
Le rôle essentiel des baleines dans l’écosystème marin
Les baleines, souvent qualifiées d’« ingénieurs de la mer », jouent un rôle crucial dans le maintien de la santé des écosystèmes océaniques. En se nourrissant dans les profondeurs et en déféquant près de la surface, elles créent un cycle de nutriments vital. Ces excréments, riches en fer, azote et phosphore, nourrissent le phytoplancton, de minuscules plantes qui forment la base de la chaîne alimentaire marine.
Selon David King, chimiste à l’université de Cambridge, cette transmission de nutriments favorise la croissance du phytoplancton, qui absorbe du dioxyde de carbone à travers la photosynthèse. Environ trois à quatre jours après la défécation des baleines, des floraisons vertes couvrant plusieurs milliers de kilomètres carrés apparaissent souvent. Ce processus non seulement soutient la vie marine, mais contribue également à la séquestration du carbone lorsque le phytoplancton meurt et coule, stockant ainsi le carbone dans les profondeurs océaniques.
Malheureusement, la chasse industrielle au XXe siècle a décimé les populations de baleines, réduisant leur nombre de 99 %. Cette perte a perturbé un mécanisme clé de recyclage des nutriments, diminuant la capacité des océans à absorber le carbone. Ainsi, la restauration de l’équilibre écologique perturbé par leur absence est devenue une priorité urgente pour les scientifiques et les écologistes.
Les initiatives de reproduction des effets bénéfiques des baleines
Élément Terre - Les baleines, des alliées pour le climat à protéger
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Face à la nécessité de restaurer les fonctions écologiques perdues, des scientifiques comme Edwina Tanner et son équipe de la WhaleX Foundation explorent des solutions innovantes, notamment la création d’excréments de baleine synthétiques. Leur approche consiste à reproduire la composition nutritive des excréments naturels des baleines, principalement constitués d’azote, de phosphore et d’oligo-éléments comme le fer et la silice.
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L’équipe de WhaleX a mené son premier essai en décembre 2021, en libérant 300 litres de matières synthétiques dans la mer de Tasman, au large de l’Australie. Ce volume imite celui des excréments d’une seule baleine. L’expérience a montré un potentiel prometteur, bien qu’elle ait également révélé des défis, tels que la difficulté à suivre la croissance du phytoplancton.
Pour surmonter ces obstacles, WhaleX développe une nouvelle méthode utilisant des biopods. Ces cylindres de cinq mètres de long incuberont les excréments synthétiques avec de l’eau de mer, permettant au phytoplancton de se développer dans un environnement contrôlé avant d’être libéré dans l’océan. Cette approche devrait offrir des mesures plus précises des taux de croissance et de capture du carbone.
Les défis réglementaires et sociétaux
Bien que les avancées technologiques soient prometteuses, les défis réglementaires et sociétaux restent un obstacle majeur. WhaleX a obtenu l’approbation des autorités australiennes pour des expériences locales, mais l’expansion dans les eaux internationales est compliquée par des réglementations telles que la Convention de Londres, qui limite la fertilisation à grande échelle des océans à moins qu’il n’y ait des preuves claires de l’absence d’effets nocifs sur les écosystèmes marins.
@rtl.officiel Réchauffement climatique : les baleines menacées de disparition ! 🐋 Chronique de Marina Giraudeau dans RTLMatin avec Jérôme Florin . . #Réchauffementclimatique #baleine #climat #marinagiraudeau
La perception publique constitue un autre défi. Les gens associent souvent le phytoplancton à des floraisons d’algues nuisibles, et le scepticisme envers les projets de géoingénierie est courant. Tanner insiste sur la nécessité d’une expansion prudente et d’une communication transparente pour construire la confiance.
Pour répondre à ces préoccupations, WhaleX s’engage à des tests rigoureux et à une collaboration internationale pour garantir la sécurité écologique. Équilibrer ambition et responsabilité est essentiel pour le succès à long terme de ces initiatives.
Le projet de régénération de la biomasse marine de Cambridge
Parallèlement à WhaleX, le projet de régénération de la biomasse marine dirigé par King à Cambridge adopte une approche différente. Au lieu de solutions liquides, l’équipe de King utilise des poussières nutritives mélangées à des coques de riz cuites pour imiter les excréments de baleine. Les coques de riz aident les nutriments à rester en suspension plus longtemps, augmentant ainsi leur efficacité.
Les essais incluront des cendres volcaniques de l’éruption de Tonga en 2022 et de la poudre dérivée de la roche glaciaire du Groenland. Les deux matériaux ont montré un potentiel pour déclencher des floraisons de phytoplancton.
King envisage de futurs essais à Tonga et Tuvalu, où les dirigeants locaux se montrent intéressés par l’utilisation de ces solutions pour résoudre la baisse des populations de poissons. Si nous pouvons reproduire le rôle des excréments de baleine, nous pourrions restaurer les populations de poissons, de mammifères et de crustacés à des niveaux observés il y a 400 ans, dit-il.
Les implications écologiques et climatiques
Les bénéfices écologiques et climatiques de ces projets sont vastes. L’objectif ultime de WhaleX est de déployer des excréments synthétiques dans 300 régions océaniques à faible productivité, ou « zones mortes ». Cet effort pourrait séquestrer jusqu’à 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an, contribuant de manière significative aux objectifs mondiaux de réduction du carbone.
La biologiste marine Heidi Pearson loue l’initiative, soulignant son potentiel à revigorer les écosystèmes marins et à combattre le changement climatique. Imiter les processus naturels est un témoignage de l’ingéniosité humaine, dit-elle.
Cependant, des défis subsistent. Le biologiste de la conservation Joe Roman met en garde contre le fait que la fertilisation à grande échelle pourrait altérer la chimie des fonds marins de manière imprévisible. Il préconise des études approfondies des réponses écologiques des eaux de surface au fond océanique avant de généraliser le processus.
Tanner reconnaît ces préoccupations et souligne l’importance d’un test rigoureux et d’une collaboration internationale pour garantir la sécurité écologique. Malgré les incertitudes, la promesse des excréments de baleine synthétiques est indéniable. En cherchant à atténuer le changement climatique et à restaurer la santé des océans, ces efforts soulignent l’importance d’apprendre des systèmes complexes de la nature.
Alors que l’humanité s’efforce de concevoir de nouvelles solutions, une question demeure : sommes-nous prêts à embrasser ces innovations audacieuses pour un avenir durable ?
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Wow, je n’aurais jamais pensé que les excréments de baleine pourraient sauver la planète! 🐋
Comment s’assurent-ils que ces excréments synthétiques n’ont pas d’effets négatifs sur l’écosystème marin?
Bravo à WhaleX et Cambridge pour leur innovation! C’est vraiment inspirant. 😊
Honnêtement, ça semble un peu trop beau pour être vrai. Est-ce qu’on a vraiment besoin de ça?
Pourquoi ne pas simplement protéger les baleines et laisser la nature faire son travail?