La cigarette électronique permet-elle vraiment de stopper le tabac ? Cette alternative est-elle meilleure pour la santé que la cigarette classique ? Réponses d’un médecin épidémiologiste et d’une médecin tabacologue.
De plus en plus de fumeurs s’approprient la cigarette électronique comme un moyen de sevrage tabagique ces dernières années. D’après Santé Publique France, 7,3% des 18-75 ans déclaraient vapoter, dont 5,5% tous les jours, en 2022. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme dans un rapport de 2019 que la e-cigarette est « incontestablement nocive » pour la santé. Alors, comment juger le vapotage ?
La e-cigarette augmente les chances d’arrêter de fumer
« La cigarette électronique est une aide au sevrage efficace, même s’il ne s’agit pas d’un dispositif de santé. Aujourd’hui, c’est la méthode que les gens utilisent et apprécient le plus », souligne la tabacologue Marion Adler.
Une enquête du New England Journal of Medicine (2019) montre un taux d’arrêt du tabac de 35% à 6 mois, et encore 18% d’abstinence à 1 an chez les usagers de la e-cigarette. En moyenne, cette alternative augmente les chances d’arrêter de 50 à 60%.
Un dispositif plus performant que les substituts nicotiniques
Selon la revue Cochrane (2024), qui a regroupé les résultats de 88 études, les personnes associant la cigarette électronique avec de la nicotine ont plus de chance de quitter le tabac que celles utilisant les substituts nicotiniques. Le taux d’arrêt à 6 mois est plus haut : sur 100 fumeurs, 10 ont réussi à arrêter grâce à la combinaison e-cigarette/nicotine, contre 6 avec les substituts. « Cependant, il ne faut surtout pas hésiter à utiliser les deux, surtout au début », précise Marion Adler.
La médecin conseille également d’utiliser un e-liquide suffisamment dosé en nicotine afin de faire passer rapidement l’envie de fumer. Puis, il faut diminuer la fréquence de vapotage et le dosage par paliers, dès que le besoin est moins important.
La cigarette électronique est bien moins dangereuse pour les bronches
La e-cigarette ne contient ni monoxyde de carbone, ni goudron. « Or, ce sont ces substances émises par la combustion du tabac qui entraînent l’immense majorité des pathologies cardiovasculaires et respiratoires du fumeur, pas la nicotine », souligne l’épidémiologiste Antoine Flahault.
Une étude in vitro de 2020 a prouvé que les cellules bronchiques exposées à 120 bouffées de cigarette électronique restaient viables, alors que la moitié mourrait après deux bouffées de cigarette. L’inhalation de vapeur est néanmoins déconseillée aux non-fumeurs. « Mais pour les fumeurs, c’est infiniment mieux de vapoter que de continuer à fumer », insiste Marion Adler.
La e-cigarette n’entraîne pas les infarctus
Il y a 5 ans, une étude affirmait que le vapotage augmentait le risque d’infarctus. Elle a depuis été exclue du Journal of the American Heart Association car ses résultats étaient clairement biaisés. La majorité des participants avaient déjà subi un infarctus. « Lorsque l’on arrête de fumer, le risque cardiovasculaire continue d’exister, mais il n’augmente pas parce qu’on passe à la cigarette électronique », explique la tabacologue.
Le vapotage, même long, est meilleur pour la santé
Pour information, 80% des ex-fumeurs utilisent toujours la cigarette électronique au bout d’un an. « On a fait le même reproche aux anciens fumeurs qui mâchaient des gommes pendant des années, mais c’est infiniment mieux que de reprendre le tabac », informe le Dr. Adler. La tabacologue conseille aux vapoteurs de continuer jusqu’à ce que l’envie de fumer disparaisse totalement.
« Même si l’on n’a qu’une dizaine d’années de recul, il n’est pas certain que la durée de vapotage représente un jour une véritable préoccupation de santé publique », estime Antoine Flahault.
La cigarette électronique ne pousse pas les jeunes à fumer
L’OMS s’alarme du vapotage en augmentation chez les mineurs. Elle craint une possible addiction à la nicotine et des impacts sur le développement du cerveau. C’est la raison pour laquelle les puffs, e-cigarettes jetables ciblant les jeunes, pourraient être interdites en France dès septembre prochain. « Cependant, aucune étude ne montre d’effet passerelle, comme cela a été redouté : la cigarette électronique ne conduit pas vers le tabagisme », tranche l’épidémiologiste.
Au contraire, selon Marion Adler, « les études montrent que la vape est un concurrent de la cigarette, pas une porte d’entrée ». L’enquête EnCLASS (2022) précise que « seuls » 3,8% des lycéens français vapotent tous les jours, même si 52% ont déjà essayé le dispositif.
Si la cigarette électronique semble être efficace pour arrêter de fumer, rappelons néanmoins qu’il reste toujours préférable de ne jamais commencer à utiliser ce dispositif, tout comme la cigarette traditionnelle.