Le changement climatique impacte non seulement notre environnement, mais également notre santé neurologique. Une étude de l’University College de Londres révèle l’aggravation de troubles cérébraux en raison des changements climatiques. Alors, comment le changement climatique affecte-t-il notre cerveau ?
Les effets du changement climatique sur la santé publique
Le changement climatique est unanimement reconnu comme un des plus grands défis pour la santé publique mondiale. En effet, il perturbe de nombreux déterminants fondamentaux de ce domaine, entraînant une hausse des événements climatiques extrêmes. Ces événements ont eux-mêmes des répercussions directes et indirectes sur notre santé. De multiples études démontrent que l’augmentation des températures se traduit par une mortalité accrue, particulièrement chez les populations vulnérables comme les jeunes enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.
Par exemple, l’intensification des catastrophes naturelles, telles que les crues, inondations et incendies, augmente le nombre de victimes et de décès. Par ailleurs, des impacts indirects émergent également, résultant en une cascade de réactions dont l’implantation de nouvelles espèces et des changements de comportement. Ces modifications peuvent indirectement nuire à l’Homme, comme l’a précisé l’Agence Régionale de Santé (ARS) de la région PACA.
Ces altérations impliquent aussi une prolifération d’espèces microbiennes, végétales et animales qui favorise l’apparition d’allergies, d’intoxications et de maladies infectieuses. Les conditions météorologiques spécifiques peuvent également augmenter les concentrations de polluants, affectant la qualité de l’air et de l’eau et provoquant diverses pathologies cardiovasculaires, respiratoires ou digestives.
Affections cérébrales et changement climatique
Les répercussions du changement climatique sur la santé ne s’arrêtent pas là. Une récente étude de l’University College de Londres, publiée dans la prestigieuse revue The Lancet Neurology, met en relief l’impact des conditions climatiques changeantes sur le cerveau. Cette recherche démontre que les températures et l’humidité extrêmes associées au changement climatique peuvent intensifier les symptômes de plusieurs troubles cérébraux. Parmi les affections concernées, on trouve les accidents vasculaires cérébraux, les migraines, la méningite, l’épilepsie, la sclérose en plaques, la schizophrénie, et même les maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson.
Les chercheurs expliquent que notre cerveau, très sensible aux variations de température, a du mal à réguler ces changements rapides, ce qui entraîne des dysfonctionnements physiologiques. Environ 20 % des décès supplémentaires enregistrés lors de la canicule européenne de 2003 concernaient des personnes ayant des troubles neurologiques. L’équipe scientifique a analysé 19 affections du système nerveux, en s’appuyant sur les données de l’étude Global Burden of Disease 2016.
Cerveau : le risque accru des nuits chaudes
Les résultats soulignent un risque important d’augmentation des hospitalisations, des invalidités ou des décès suite à un accident vasculaire cérébral durant des périodes de chaleur intense. Le professeur Sanjay Sisodiya, de l’UCL Queen Square Institute of Neurology et principal auteur de l’étude, affirme que des températures nocturnes plus élevées peuvent perturber le sommeil. Or, un sommeil de mauvaise qualité est scientifiquement lié à l’aggravation de nombreux problèmes cérébraux.
Mais pourquoi ces températures élevées pendant la nuit sont-elles si dangereuses ? Selon les chercheurs, elles peuvent rendre le sang plus épais et plus sujet à la coagulation, augmentant ainsi les risques d’accidents vasculaires cérébraux. Par ailleurs, les personnes atteintes de démence sont particulièrement vulnérables aux chaleurs extrêmes en raison de leur difficulté à adapter leur comportement aux conditions environnementales changeantes.
Les villes et leurs répercussions sur la santé neurologique
Les défis ne se limitent pas aux zones rurales ou périphériques. Les environnements urbains, avec leur manque flagrant d’espaces verts, exacerbent les effets du changement climatique sur les maladies neurologiques et psychiatriques. Les conditions urbaines amplifient les méfaits des vagues de chaleur sur les troubles du sommeil, aggravant des affections comme l’épilepsie ou la sclérose en plaques.
Il devient impératif de lutter contre le changement climatique, mais aussi d’adapter rapidement nos systèmes de santé publique. Cela nécessite des informations précises et personnalisées pour les personnes atteintes de troubles neurologiques. Les systèmes d’alerte météo-santé devraient être ajustés pour garantir une mise en œuvre efficace, en collaboration avec les patients, leurs familles et les soignants.
Les réponses nécessaires face aux défis croissants
Outre les maladies neurologiques, les troubles psychiatriques comme les troubles anxieux et dépressifs sont également aggravés par les variations climatiques. Les solutions envisageables doivent inclure des stratégies globales et localisées pour combattre les effets du changement climatique.
À l’avenir, notre capacité à atténuer ces impacts dépendra de l’adaptation de nos systèmes de santé. Comment pouvons-nous mieux protéger les populations vulnérables et repenser nos infrastructures urbaines pour créer des environnements résilients face aux changements climatiques ?