One Voice, un groupe de défense des animaux français a exigé jeudi dernier une interdiction sur l’élevage des lapins angoras pour leur précieuse fourrure, diffusant une vidéo secrètement enregistrée au cours de laquelle les animaux couinent tout en étant épilés.

À l’instar de l’association L214 qui avait dénoncé l’extrême violence faite aux animaux dans les abattoirs français, les enquêteurs de One Voice ont infiltré pendant plusieurs mois les élevages français de lapins angoras. Les images inédites de leur investigation montrent sans détour la souffrance des lapins qui crient de peur et de douleur lorsqu’on leur arrache les poils, et parfois aussi la peau…

Durant plusieurs années, ces lapins ne sortiront de leur petite cage que pour être attachés sur une table, pliés dans les pires positions, lors d’une douloureuse séance d’épilation. Muriel Arnal, la présidente de One Voice, indique que c’est inacceptable. La filière d’élevage utilise du Lagodendron, un mimosa d’Afrique, qui doit faciliter l’arrachage du poil. « Mais ce dérivé du mimosa n’a pas d’effet sur les plus jeunes. Les lapins sont épilés à huit semaines », dénonce Muriel Arnal.

La laine qui est extraite des lapins angoras est très prisée par les maisons de haute couture. Mais les images de la peau tachée de sang coagulé démontrent que l’arrachage n’est pas sans effet sur les lapins. Pourquoi ne pas tout simplement les raser ? « Le poil est plus beau et plus long. Il se vend plus cher quand il est épilé », répond Muriel Arnal, offusquée.

Attention, ces images peuvent heurter la sensibilité.

« Les femelles sont un peu plus fragiles que les mâles au niveau de la peau. Il arrive que ça déchire. Il y en a des fois, tiens, pouf, il y a un bout de peau qui vient avec. Quand ça commence, j’ai vu des fois je lui aurais arraché tout, j’étais obligé de finir aux ciseaux parce que toute la peau venait, alors là tu passes du temps. J’ai vu des fois passer deux heures sur un lapin qui se déchirait de partout. Des fois tu te dis, il faut mieux lui foutre un coup sur la tête, celui-là. »

3,5 tonnes de poils par an

La filière angora compte en France une trentaine d’exploitations pour environ 3,5 tonnes de poils produits par an. En 2013, la PETA avait lancé une campagne visant à dénoncer le traitement atroce des lapins angoras élevés pour leur fourrure.

Cette campagne dénonçait les conditions d’élevage en Chine, pays d’où proviennent 90% de l’angora en France. La polémique autour de cette vidéo choc avait poussé les fabricants à se tourner vers la production française de laine d’angora, pensant certainement que les conditions étaient meilleures…

Lapin angora

Un sort plus macabre pour les lapins moins chanceux

Au même titre que le sexage des poussins, un sexage des lapins angoras est réalisé à la naissance ou à quelques mois. De ce fait, la durée de vie des mâles est moindre que celle des femelles, ces dernières étant préférées car produisant plus de poils.

Certains mâles seront conservés pour la reproduction et des échanges avec d’autres éleveurs (pour limiter la consanguinité). Certains seront mangés, mais le plus grand nombre est éliminé selon les méthodes traditionnelles en vigueur… car il n’existe aucune procédure obligatoire pour cette branche de l’élevage. Pour les lapereaux mâles et les individus qui ne sont plus rentables ou malades, la fin dépendra donc des habitudes de l’éleveur : un coup de bâton derrière la tête est la technique la plus communément employée pour les adultes. Quant aux jeunes de quelques jours : « Poum, un coup par terre, c’est petit, c’est tout mou, il souffre pas. »

Certains lapins subissent un autre sort : Dans l’un des élevages visités, les enquêteurs de One Voice ont appris que les lapines déclarant un cancer étaient vendues à un laboratoire de recherche. Elles lui sont cédées au prix du lapin de chair.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire le rapport complet de l’enquête menée par One Voice, et signer la pétition pour l’interdiction de l’élevage des lapins angoras et du commerce de leur laine.

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Jessica, journaliste aguerrie avec une solide expérience en gestion de projet et rédaction web, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle capte l'attention par des contenus précis et percutants, couvrant les évolutions médiatiques avec rigueur et clarté. Contact : [email protected].

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