Zoom sur la sclérose en plaques, cette maladie de plus en plus présente dans notre société.
À l’occasion de la Journée mondiale de la sclérose en plaques, il était important de faire le point sur cette maladie, qui touche de plus en plus de personnes, quel qu’en soit l’âge. Maladie très complexe du point de vue de la physiopathologie, du diagnostic et du traitement, la sclérose en plaques tue encore en 2016. Qu’est cette maladie ? Comment se manifeste-t-elle ? Comment y remédier et si possible, comment la prévenir ? Les réponses à toutes vos interrogations dans ce qui suit.
Sclérose en plaques, qui es-tu ?
Sans vouloir entrer trop en profondeur dans les détails, la sclérose en plaques est une maladie neurodégénérative dont la principale conséquence dans notre organisme est la création de réactions inflammatoires au niveau du système nerveux central. Un peu de biologie s’impose.
Notre organisme, pour fonctionner de manière cohérente, a besoin d’une part d’un système qui gère les fonctions de base sans lesquelles le corps mourrait. L’on parle là des battements cardiaques, de la respiration, des mouvements et de l’absorption au niveau de l’intestin… Et d’un second système, qui lui, est sous notre contrôle et grâce auquel nous effectuons les actions que nous désirons au quotidien. Cependant, ces deux systèmes sont sous le contrôle de deux super systèmes, l’un dit central, constitué de l’encéphale, du bulbe rachidien et de la moelle épinière. L’autre, dit périphérique, qui véhicule les informations décidées par le central vers les organes périphériques (membres, cœur, poumons… reins). Vous comprenez donc que si le système nerveux central est atteint et en proie à des réactions inflammatoires, c’est tout l’organisme qui peut être affecté par le problème, puisque le centre de commandement est défectueux.
De leurs définitions médiales, le terme « sclérose » signifie « durcissement des tissus » et les « plaques » désignent les zones brunâtres résultant de l’inflammation et des mécanismes de réparation. Comment cela survient-il ? Cette partie bien que compréhensible, est surtout indiquée pour les petits curieux d’en savoir plus.
Physiopathologie de la sclérose en plaques
Cette maladie n’est pas liée à une infection, bactérienne ou virale. Elle est surtout une maladie auto-immune qui est caractérisée par la destruction de la gaine de myéline par les lymphocytes de votre propre organisme. La gaine de myéline est cette enveloppe qui entoure nos neurones, et qui permet la propagation de l’influx nerveux.
Les lymphocytes, les soldats de notre organisme sont produits dans le sang. Lorsque l’organisme développe une sclérose en plaque, ces soldats quittent le sang et traversent la barrière hémato-encéphalique (cette membrane qui protège et sépare le cerveau et la moelle épinière du corps) pour attaquer les gaines de myéline des neurones de l’organisme atteint. La conséquence est la discontinuité ou la disparition de la propagation de l’influx nerveux, et l’incapacité à effectuer telle ou telle action.
Symptômes et facteurs de risques de la sclérose en plaques
À ce stade l’origine exacte des mécanismes auto-immuns conduisant au développement de la sclérose en plaque n’est pas connue, mais quelques facteurs de risques sont tout de même avancés par les chercheurs. Notamment l’âge, entre 20 et 40 ans, et le sexe, les femmes sont deux à trois fois plus touchées que les hommes.
Des études ont également conclu que les régions nordiques sont plus susceptibles de voir leurs populations touchées, par rapport aux régions tempérées. La maladie est quasi inexistante dans les régions tropicales et méridionales, cependant, quelques gènes ont aussi été identifiés et sont qualifiés de prépondérants au développement à l’âge adulte de la maladie. Concernant les symptômes, ils apparaissent le plus souvent en singleton ou en association, et sont marqués par :
- Troubles de la sensibilité (fourmillements, sensation de brûlure, de décharges électriques (souvent en tournant la tête), engourdissement…)
- Troubles moteurs (faiblesse ou raideur musculaire des membres)
- Troubles de l’équilibre ou de la marche (vertiges, troubles de la coordination des mouvements)
- Fatigue anormale
- Spasmes ou contractures musculaires, parfois douloureux
Si les troubles visuels ont aussi été mentionnés dans certains cas, ils ne touchent que 20% des patients. On note principalement une vision floue, double ou instable, la perte de vision complète ou partielle et plus couramment d’un œil à la fois. Lorsque la maladie n’est pas diagnostiquée et traitée, elle évolue et ses symptômes s’accentuent vers :
- Difficultés d’élocution
- Incontinence urinaire ou troubles urinaires
- Constipation
- Dysfonctionnements sexuels
- Paralysie partielle ou totale d’une partie du corps
- Troubles cognitifs (difficultés à réaliser simultanément différentes tâches, problèmes pour suivre des instructions détaillées, perte de la mémoire à court terme)
Diagnostic de la sclérose en plaques
Aucun examen ne permet encore de confirmer avec certitude le diagnostic de la sclérose en plaques, du fait de l’évolution par poussées de la maladie, mais surtout de l’absence de marqueurs spécifiques présents dans l’organisme permettant une étude biologique.
Toutefois, une batterie de tests réalisés par le médecin traitant permettent à ce dernier de poser le diagnostic avec conviction, notamment l’IRM du cerveau et de la moelle épinière ou des mises à l’épreuve de vos réflexes (équilibre, capacités de coordination, vue) et une éventuelle ponction lombaire, qui montrera la présence de lymphocytes dans votre système nerveux central. Pour information, les lymphocytes n’ont rien à faire dans ce système.
Quels traitements disponibles ?
Le but de ce billet n’est point de se substituer à votre médecin praticien, du coup, nous parlerons que de la méthode générale, sans évoquer quelque produit que ce soit, pour des raisons évidentes. En effet, à ce jour, il n’existe point encore de traitement permettant de guérir la sclérose en plaques, tous ceux qui sont disponibles sur le marché permettent d’une part de prévenir de mieux en mieux la récidive des poussées et la survenue d’un handicap définitif. Leur but est donc d’améliorer la qualité de vie des patients atteints, et d’éviter les éventuelles complications.
Quelques pistes de recherche sont explorées, principalement en direction du Sativex, cette molécule dérivée du cannabis et développée par GW Pharmaceuticals, dont l’autorisation de mise sur le marché a été ordonnée en janvier dernier. Outre les traitement médicamenteux, il existe également des traitements non médicamenteux, notamment la kinésithérapie, qui permet d’entretenir l’autonomie motrice et la forme des muscles.
Crédit photo principale : University of Chicago Medicine