Sous les effets dévastateurs du réchauffement climatique, plus d’un demi-million de personnes supplémentaire pourrait mourir d’ici 2050 par manque de nourriture.
À l’origine de phénomènes météorologiques extrêmes (pluies torrentielles, sécheresses intenses…), les perturbations climatiques pourraient affecter l’équilibre nutritionnel planétaire au point de provoquer 529.000 décès de plus dans les 30 années à venir. C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’Université d’Oxford, publiée dans la revue scientifique The Lancet. Simulant différentes évolutions socio-économiques de 155 pays au total, elle montre l’ampleur de l’impact du réchauffement sur les productions agricoles, qui laisse présager une diminution importante de la quantité de nourriture disponible, mais aussi une baisse de la qualité de cette dernière.
Le dioxyde de carbone (CO2) non-naturel: un coupable invariablement prédominant
Avec une concentration sans précédent depuis 800.000 ans, les gaz à effet de serre ne cessent de s’accumuler dans l’atmosphère. Depuis l’ère industrielle, leur croissance a été multipliée par 100, provoquant une hausse moyenne de 0,85°C à la surface du globe selon le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Transports, déforestation, production d’électricité, utilisation massive de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel)… les sources d’émission de CO2 sont grandement imputables à l’Homme (un phénomène appelé anthropisation), premier responsable du réchauffement climatique actuel, à hauteur de 70% !
On en observe déjà les répercussions partout dans le monde: fonte accélérée des neiges et des glaces, canicules et vagues de chaleur répétées sur les continents asiatiques, européens et australiens, baisse des précipitations dans certaines régions et hausse dans d’autres, bouleversement de la répartition des espèces terrestres et marines, rendements agricoles majoritairement en chute, etc.
Une surmortalité qui sévirait surtout en inde et en chine
Si la consommation alimentaire risque d’être modifiée, le poids de la population s’en retrouverait lui aussi affecté. Selon les chercheurs, la nourriture disponible sur terre pourrait enregistrer une baisse moyenne de 3,2 % par rapport à 2010, ce qui représente en moyenne 99 kcal de moins par jour et par habitant, avec une prévalence prévisible pour les classes populaires et moyennes.
Les régions du Pacifique Ouest et d’Asie du Sud-Est seraient les plus touchées, la Chine et l’Inde en tête (près des trois-quarts des décès). Le tarissement des fruits et légumes, de l’ordre de 4%, inquiète le plus, car il pourrait engendrer à lui seul 534.000 décès. A contrario, les problèmes de poids et les maladies associées se verraient reculer, notamment face à la diminution des quantités de viande rouge (-0,7%), permettant à 225.000 personnes obèses et à 35.000 personnes en surpoids de rester en vie.
Devant la hausse inévitable du prix des denrées alimentaires et les conflits que l’on imagine pour accéder aux ressources, en résulteront notamment des déplacements de population, et donc un afflux massif de réfugiés climatiques dans les régions du globe les plus « épargnées ». Par ailleurs, les chercheurs estiment qu’en fonction des actions menées pour réguler les émissions de CO2, la mortalité globale pourrait fléchir de 29 % à 71 %, empêchant jusqu’à 1,9 million de décès.
Cette relation changement climatique/nutrition est une analyse pour le moins inédite qui ne peut qu’interpeller une fois encore sur l’urgence à agir en faveur de l’environnement. Les solutions ne manquent pourtant pas pour freiner les perturbations du climat, à commencer par un développement économique, pour lequel chaque citoyen deviendrait activement contributeur. Attendre avant d’agir, ce n’est que ruiner davantage la nature et augmenter la dette finale, tant d’un point de vue humain qu’organisationnel.
Crédit photo principale : Flickr – Grant Neufeld