Lemon tri met à disposition des machines de tri incitatives et ludiques
En France, le tri sélectif peine à s’imposer dans la vie des Français par rapport aux Scandinaves ou aux Allemands. La cause de ce retard ? Un problème d’information. Dans une étude Ipsos parue le 20 Juin 2014, près de la moitié des personnes interrogées affirment qu’elles trieraient davantage si les informations étaient plus claires et presque 9 interrogés sur 10 souhaiteraient disposer de consignes de tri sur les emballages. Mais au-delà du manque d’information, certains endroits sont encore peu concernés par le tri des déchets, tels que les espaces publics ou les entreprises.
La jeune startup Lemon Tri, spécialisée dans le tri des emballages de boisson, semble avoir compris ces deux problèmes et propose notamment aux acteurs publics et privés d’offrir une gamme d’équipements ludiques et incitatifs au tri sélectif. Nous sommes donc allés interviewer Laura Boutonnet, directrice commerciale de la startup, pour savoir comment ils comptent apporter une réponse à ce mal français.
1/ quand et pourquoi l’entreprise lemon tri s’est-elle créée ?
Créée en 2011 par Emmanuel Bardin et Augustin Jaclin, deux amis d’enfance, ils ont repris une idée qu’ils ont pu observer dans les pays nordiques : l’utilisation de consignes sur les emballages de boissons.
Le principe est simple : vous achetez une bouteille ou une canette à un prix légèrement plus élevé et vous ramenez votre bouteille ou canette pour la déposer dans une machine qui vous rendra de l’argent sur cet emballage. Or, en France, les consignes sont non seulement peu développées mais elles ont pour certaines périclité, notamment pour les bouteilles en verre depuis plusieurs dizaines d’années.
2/ Comment alors est reprise l’idée de consigne ? Comment ça se passe pour l’usager désireux d’utiliser votre équipement ?
Nous avons actuellement plusieurs modèles car il s’avère qu’il y a plusieurs typologies d’usagers : les salariés en entreprises, et notamment les plus grandes, mais aussi les espaces publics comme les étudiants sur les campus et les espaces commerciaux avec les consommateurs.
Toutes nos machines fonctionnent selon un système de loterie. Par exemple, pour les entreprises et les campus, lorsque vous déposez vos bouteilles ou gobelets, vous avez une chance de gagner un jeton qui pourra être utilisé pour vous avoir une boisson gratuite. Si c’est dans un espace sportif, on propose de gagner une séance de sport gratuite. Pour les centres commerciaux, ce sera un bon d’achat pour tout produit du magasin, etc. Bref, nous proposons des récompenses adaptées en fonction du lieu et du type d’usager afin d’inciter au tri le plus simplement possible.
Mais l’autre avantage est aussi qu’à chaque bouteille, canette ou gobelet récupéré et recyclé, un centime d’euro sera reversé à une association.
3/ Quelles sont les machines que vous proposez et quels sont leurs avantages ?
Pour l’instant, nous proposons trois machines différentes pour s’adapter à la quantité d’emballages et au type d’usager. Mais, d’ici la fin de l’année nous allons agrandir notre gamme de produits de trois à six machines avec des caractéristiques nouvelles pour mieux s’adapter aux lieux où elles seront implantées.
Mais dans l’ensemble, nos machines répondent à plusieurs critères communs. D’abord limiter au maximum les erreurs de tri, la machine étant capable de détecter et mettre dans le bon bac les bouteilles et canettes déposées. L’usager n’a donc pas besoin de séparer bouteilles et canettes, puisque la machine s’en occupe. Cela permet de capter le plus possible d’usagers et de recycler en conséquence plus de déchets grâce au système de récompense et à un usage simplifié.
En parallèle, notre partenaire peut avoir un suivi allant de la quantité d’emballages récupérés jusqu’à la valorisation de la matière recyclée, afin de communiquer auprès du public les résultats et de s’adapter aux besoins.
4/ Comment parvenez-vous à inciter les usagers à utiliser vos machines, en plus des récompenses ?
Nous offrons un suivi aux partenaires pour les aider à renforcer la visibilité des équipements proposés auprès des usagers. À titre d’exemple, nous proposons aux partenaires d’organiser une journée de sensibilisation une fois la machine installée pour interpeller les usagers sur cette dernière, en faisant des démonstrations, en leur expliquant comment ça fonctionne et quel est l’intérêt de s’en servir. Nous offrons un suivi aux partenaires pour les aider à renforcer la visibilité des équipements proposés.
5/ Au final, combien de déchet avez-vous traité pour 2014 ? Combien de machines sont actuellement en service ?
Pour l’année 2014, nous sommes parvenus à collecter 10 tonnes de déchets, dont 250.000 bouteilles en France. Et nous nous attendons à ce que les chiffres pour 2015 soient encore meilleurs, avec de nouveaux sites comme le Parc du Futuroscope. Actuellement nous avons un parc de 120 machines et nous souhaiterions atteindre l’objectif de 150 d’ici fin 2015, soit le double par rapport à 2014.
6/ Votre entreprise semble donc progresser rapidement. Cela laisse-t-il entrevoir une implantation dans d’autres pays ?
Si nous sommes déjà implantés actuellement en Belgique, nous ambitionnons de nous étendre d’ici ces prochaines années vers les pays d’Europe du Sud, comme l’Italie ou l’Espagne, mais aussi dans les pays de l’Est. L’objectif est clair : nous souhaitons devenir le leader européen dans ce domaine.
Propos recueillis par Jean-Benoît Monneron