Coût écologique d’internet : le world wide web est-il un danger pour l’environnement et la planète ?
Surfer sur le Net, envoyer un email, faire une commande d’achat en ligne, télécharger des films, des musiques ou des documents, les partager sur les réseaux sociaux… Tout semble immatériel, tout semble virtuel, tout paraît plus écolo que de le faire autrement que par Internet… Pourtant, Internet a besoin de machines bien réelles pour exister. Enquête sur l’impact écologique qu’a Internet sur notre planète.
Véritable outil de plus en plus accessible et généralisé, Internet alourdit le bilan carbone
Faire ses courses en ligne, lire les actualités sur tablette, ou son bouquin sur une liseuse, faire des réunions en visioconférence… Tout le monde s’accorde sur ce point : ces habitudes seraient bonnes pour l’environnement, permettant d’économiser les transports, d’épargner les forêts et donc de réduire les émissions de CO2. Mais ce n’est pas aussi simple. Les technologies sur lesquelles nous réalisons ces activités (ordinateurs, tablettes, téléphones, etc…) sont très énergivores, directement ou indirectement :
elles consomment de l’électricité, les données passent par des centres de données eux aussi très gourmands en énergie, et les trajets des véhicules de livraisons ne sont pas forcément très bien pensés. Quand on sait que nous sommes plus d’1,5 milliards d’internautes à surfer sur le Net tous les jours, ces actions génèrent un poids énorme pour la planète.
Visualisation d’internet – Flickr – Patrick Barry
Vos petits mails et vos nombreux clics pourtant insignifiants s’ajoutent à ceux des autres pour produire un lourd bilan : tous les ans, la simple utilisation d’Internet génère 2% des émissions mondiale de CO2, soit autant que l’aviation civile. Vous avez bien lu : soit autant que ce que génère tous les avions et leurs passagers chaque année.
A chaque clic, c’est l’atmosphère qui suffoque
Tous les jours, nous recevons des emails professionnels ou personnels, newsletters, pubs… Ainsi, en 2013, 183 milliards de mails étaient envoyés chaque jour (sans compter les spams) et d’ici 2017, nous devrions atteindre 207 milliards de mails envoyés chaque jour, selon le site Arobase.
Chaque jour également, nous effectuons des requêtes sur les moteurs de recherches. On surfe. On se promène de page en page. C’est ce qui paraît polluer le moins. Cependant, c’est le genre d’action qui fait chauffer les serveurs et qui, selon l’Ademe, génère 9,9 kg équivalent CO2 par an et par internaute pour chaque recherche d’information.
Enfin, pour vous montrer que la moindre action effectuée sur votre ordinateur a un impact, sachez que transmettre un document de 10 Mo à quelqu’un avec une clé USB de 512 Mo émet 11 g d’équivalent CO2. Si ce chiffre ne vous parle pas vraiment, sachez que ce fichier envoyé à un millier de personne équivaut à la pollution que produit une voiture en effectuant 80 kilomètres.
Selon Laurent Lefèvre, chercheur dans l’équipe-projet RESO, au Laboratoire LIP, interrogé par le magazine en ligne Pour la Science :
– les infrastructures de télécommunication seules (les équipements réseaux) seraient responsables de 37% des émissions de CO2 des TIC
– une requête sur le moteur de recherche Google provoque l’émission de 0,2 gramme de CO2
– une heure d’utilisation d’un ordinateur portable constitue 20 grammes de CO2
Flickr – Jude Lee
Ces actions dématérialisées cachent une pollution bien concrète : il faut aussi comptabiliser celle de la production des appareils électroniques
C’est une chose que l’on oublie souvent : on a vu que l’émission des appareils électroniques et de leur utilisation polluait certes, mais certainement moins que les pots d’échappement des voitures. On est d’accord. Mais cela ne veut pas dire qu’ils polluent moins au cours de leur vie.
Pour illustrer ce cas, prenons pour exemple le fait qu’un Hummer va polluer moins qu’une Toyota Prius. A l’usage, la Prius va faiblement polluer l’air tandis que le Hummer va être au summum de la pollution atmosphérique. Toutefois, « le processus de fabrication de la batterie de la Prius est des plus complexes, avec des métaux rares en provenance du Canada, transformés en Chine puis intégrés à la voiture au Japon, avant que l’auto ne soit transportée vers son marché final. Côté bilan carbone à la production, la Prius frise donc le zéro pointé… »
Eh bien pour les appareils électroniques c’est quasiment la même chose : nos ordinateurs, écrans plats tactiles, iPad et smartphones, sont loin d’être indolores pour l’environnement (sans compter, donc, les réseaux qui les font communiquer). Des chercheurs du CNRS ont passé en revue l’impact environnemental de nos ordinateurs, et autres appareils mais aussi des réseaux nécessaires pour les faire communiquer. Le résultat fait peur.
Prenez les puces électroniques : ces composants pourtant « de base » sont certainement la partie la plus polluante de nos PC à la fabrication. Des matériaux très toxiques sont utilisés pour leur fabrication. L’un des chercheurs indique que « pour une puce de 2 grammes, il faut brûler une quantité de combustibles fossiles six cents fois supérieure à ce poids. »
La bonne nouvelle vient de la miniaturisation des appareils : les gros ordinateurs de bureau laissent place aux smartphones et tablettes, beaucoup plus petits et donc moins polluants. En revanche, tout le monde s’équipe davantage de ces petits appareils. Il n’est pas étonnant aujourd’hui d’avoir un smartphone, un ordi portable, une tablette, etc… pour une seule et même personne.
L’avenir est sombre
Un data center – Flickr – Bob Mical
Se connecter sur la Toile implique des réseaux, des serveurs, des data centers, des appareils électroniques allumés (ordinateurs, téléphones, tablettes…) qu’il faut fabriquer, alimenter et recycler. D’ici à 2020, ils émettront à eux seuls jusqu’à près de 1270 mégatonnes de CO2 par an, soit 10 fois plus qu’un pays comme la Roumanie aujourd’hui.
Comment réduire notre impact écologique ? Les bons gestes de l’internaute écocitoyen
Comment surfer sur le web en polluant moins ? Voici quelques bonnes attitudes à prendre dès la fin de votre lecture !
– Aussi étonnant que cela puisse paraître, au delà de 4 minutes de consultation pour une page, mieux vaut privilégier l’impression d’une page recto-verso, soit 2 pages par feuille.
– Optimisez votre boîte mail : stocker vos emails sur un serveur produit des émissions de CO2. Mieux vaut les supprimer régulièrement et privilégier l’envoi d’emails groupés.
– Faites des recherches ciblées sur les moteurs. Mieux : entrez directement l’URL du site ou utilisez la fonction « Mettre en favori ». Vous pouvez aussi utiliser le moteur de recherche Ecosia qui reverse 80 % de ses revenus à un programme de plantation d’arbres au Brésil.
– Filtrez vos spams. On ne cesse de vous le répéter mais cela n’a que des atouts. Vous n’aurez plus d’emails gênants et frauduleux et surtout, les filtres antispams permettent d’économiser l’équivalent de 13 millions de voitures en moins sur les routes.
– Compressez vos pièces jointes : Un mail de 1 Mo produit 6 fois plus de CO2 qu’un mail de 10 Mo. Compressez vos images, c’est rapide et simple.
Source de ces données : magazine GEO N°417 de Novembre 2013
Pour aller plus loin – Sources
– Internet est-il bon pour l’environnement et la planète? (L’Expansion L’Express)
– Combien de CO2 pèsent un mail, une requête Web et une clé USB ? (blog.lemonde)
– Le reportage « Internet, la pollution cachée » diffusé sur France 5 le 17/06/2014 et visible ci-dessous
Que faites-vous pour limiter votre empreinte carbone via l’utilisation d’Internet ?
Source photo principale : Pixabay – geralt