La vague d’expulsions forcées et les discriminations racistes ciblant des expatriés africains et des étudiants guinéens en Chine a suscité l’indignation sur tout le continent et dans le monde entier. L’ambassadeur de Guinée en Chine, Huang Wei, a quant à lui été sommé de s’expliquer.

C’est une affaire qui embarrasse jusqu’au plus haut sommet de l’État guinéen. Durant la pandémie de Covid-19, plusieurs centaines d’Africains noirs dont des étudiants originaires de Guinée ont été victimes de racisme en Chine. Une situation extrêmement choquante, à l’heure où les discriminations envers les Noirs suscitent plus que jamais l’indignation dans le monde.

Tout commence en avril dernier, trois mois après le début de l’épidémie de Covid-19 à Wuhan en Chine, lorsque cinq ressortissants nigérians sont testés positifs au Coronavirus à Canton, dans le sud de la Chine.

S’ensuit alors une flambée de discriminations à l’égard des personnes noires, dont des étudiants guinéens, très nombreux dans cette ville de 15 millions d’habitants. Les expatriés africains sont en effet accusés de porter et de transmettre le virus … en raison de leur couleur de peau. Un comble, alors que le virus est originaire de Wuhan, dans le Centre de la Chine. Et que sa diffusion au reste du monde est en grande partie le fait de la mauvaise gestion de l’épidémie par Pékin, qui a préféré faire disparaitre et réprimer les lanceurs d’alerte et les médecins en contact avec les premiers malades plutôt que de tirer la sonnette d’alarme. Un fait embarrassant que le régime chinois n’a eu de cesse de vouloir faire oublier depuis janvier dernier.

Plusieurs ressortissants de pays d’Afrique, dont des étudiants guinéens, ont été chassés de chez eux et interdits de séjourner dans des hôtels de la ville, ou encore placés en quarantaine abusivement. Sans hébergement, plusieurs d’entre eux ont été forcés de dormir à même le sol dans la rue. Certains se sont également vus refuser l’entrée dans des supermarchés pour faire leurs courses alimentaires et dans des restaurants en raison de leur couleur de peau. Les victimes de ses traitements vexatoires n’ont pas seulement tout perdu : plusieurs d’entre elles se sont également vues refuser tout accès à un médecin.

L’ambassadeur de Chine Huang Wei convoqué pour s’expliquer

L’affaire a suscité une très forte indignation sur le continent et plus particulièrement en Guinée. De quoi raviver les critiques qui dénoncent les violations répétées des droits de l’homme en Chine, visant notamment la répression des Ouïghours dans l’Ouest du pays. Ou encore l’évacuation de 16 000 Guinéens dans l’intérieur du pays dans des conditions humanitaires catastrophiques à cause de la construction d’un barrage géant à Souapiti par des entreprises chinoises.

Critiqué pour son manque d’indépendance vis-à-vis de Pékin par l’opposition, le ministère guinéen des Affaires étrangères s’est résolu à convoquer l’ambassadeur de Chine en Guinée, Huang Wei pour lui demander de s’expliquer. De son côté, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Chine a répondu en mettant l’emphase sur « l’amitié sino-africaine profondément enracinée en Chine », et réfuté les problèmes de racisme en Chine, en pointant des accusations « pilotées par les États-Unis » pour faire de « la propagande anti-chinoise » malgré les nombreux témoignages sur les réseaux sociaux. Huang Wei, pour sa part, a assuré aux diplomates guinéens que le gouvernement chinois accordait une grande importance à la situation et s’opposait fermement à un traitement différencié ainsi qu’aux propos et actes discriminatoires.

Plus de 400 000 Africains dont 81 000 étudiants vivraient en Chine selon certaines estimations, notamment dans la province du Guangdong dans le sud de la Chine. Les discriminations et les actes racistes à leur encontre n’ont cependant pas attendu la pandémie de Covid-19 pour se multiplier. Cibles de nombreux préjugés et de commentaires racistes sur le web chinois, les expatriés africains avaient été dans le passé la cibles de plusieurs manifestations racistes en 1979 et dans les années 1980. De quoi jeter un froid dans cette amitié sino-africaine que la Chine et ses émissaires à l’instar de Huang Wei ne cessent de proclamer.

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Jessica, journaliste aguerrie avec une solide expérience en gestion de projet et rédaction web, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle capte l'attention par des contenus précis et percutants, couvrant les évolutions médiatiques avec rigueur et clarté. Contact : [email protected].

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