Unanimement considérée par les scientifiques comme l’un des pires moyens de traitement des pathologies infectieuses, la phagothérapie revient sur le devant de la scène aux États-Unis après qu’un couple d’universitaires a de nouveau démontré son efficacité. Avec la recrudescence de la résistance des bactéries aux antibiotiques, tous les moyens seraient apparemment bons pour parvenir à éradiquer les agents pathogènes.
Même une technique à l’origine de la création par le passé d’agents pathogènes encore plus dangereux et mortels.
Une question de vie ou de mort
Tom Patterson et Steffanie Strathdee sont deux universitaires et chercheurs auprès de l’université de Californie à San Diego. Le couple alors en vacances en Égypte en 2015, Tom fut pris d’une vive douleur abdominale. Celle-ci fut par la suite diagnostiquée comme une pancréatite compliquée d’une infection à Acinetobacter baumanii.
Nonobstant les médicaments administrés à hautes doses, l’état de Tom ne s’améliorait guère. La bactérie était résistante à la majeure partie des antibiotiques.
Son état s’aggrava et, lorsque le germe se dissémina dans son organisme via le courant sanguin, il fit un choc septique. Rapatrié en urgence aux États-Unis pour meilleurs soins, sa situation ne semblait avoir pour unique dessein que l’issue fatale. Jusqu’à ce que son épouse Steffanie qui avait entendu parler de la phagothérapie ne décide de faire appel à des collègues afin de sauver son époux.
Les phages, les mangeurs de bactéries
Grâce à Robert Schooley des phages pour phagothérapie furent dénichés auprès de l’université du Texas A & M et de la société de biotech AmpliPhi. La FDA d’ordinaire réticente à des essais de ce type approuva la procédure. Et en août 2016, Tom fut déclaré totalement guéri et remis de sa maladie.
Cette expérience concrétisée en des résultats aussi concluants donna l’idée aux chercheurs des trois instituts susmentionnés de tenter la phagothérapie sur 5 autres patients porteurs d’une infection au stade avancé.
Les 5 patients furent eux aussi déclarés guéris, ce qui relança le débat scientifique autour de l’usage potentiel de ces phages pour lutter contre la résistance des bactéries. D’ores et déjà, un centre de recherche sur la phagothérapie a été lancé en juin 2018 en Californie.
Baptisé IPATH (Center for Innovative Phage Applications and Therapeutics), il a un budget de 1,2 million de dollars et organisera les 29 et 30 janvier 2019 à Washington une conférence sur la phagothérapie.
Pour comprendre, c’est quoi la phagothérapie ?
Pour endiguer une infection, l’antibiotique attaque la bactérie et selon plusieurs mécanismes propres à chaque classe d’antibiotique, lyse et détruit la bactérie. La problématique est qu’aujourd’hui ces bactéries ont développé des résistances aux antibiotiques. Du coup, ces derniers ont une action de moins en moins efficace sur les bactéries. Il devient dès lors complexe de combattre les infections.
La phagothérapie s’appuie sur l’usage d’agents pathogènes atténués appelés phages. Ces derniers combattent les bactéries. Concrètement il s’agit de virus qui mangent littéralement les bactéries.
Explorée dans les années 70 – 80 – 90 la phagothérapie fut à l’origine de la création involontaire d’agents pathogènes beaucoup plus dangereux, ce qui força les chercheurs à se détourner de la recherche autour des phages.