Un vrai marronnier de la vie politique tricolore : chaque année à la même époque, les élus des communes françaises se réunissent pour le traditionnel Salon des Maires et des Collectivités. Un grand raout qui s’est tenu du 19 au 21 novembre et a vu défiler édiles, entreprises, associations et membres du gouvernement – avec, en point d’orgue, le discours attendu du premier ministre. Parmi les exposants présents à la Porte de Versailles, la Fédération nationale des Communes forestières (FNCOFOR) et France Bois Forêt entendaient bien faire valoir le rôle de ces villes et villages pas tout à fait comme les autres dans l’adaptation des territoires au changement climatique.
La gestion durable de la ressource forestière : un défi pour les communes forestières
De par leur spécificité, les communes forestières sont, en effet, en position de vigies du dérèglement du climat. Elles et leurs habitants sont, directement, concrètement et immédiatement, impactés par les phénomènes à l’œuvre dans la forêt. Or, on le sait, les forêts sont particulièrement vulnérables face au changement climatique, avec la multiplication des sécheresses, des incendies, des maladies et des insectes ravageurs qui affaiblissent, voire détruisent des massifs entiers. Autant de phénomènes face auxquels les communes forestières ne restent pas inactives.
Le rôle des communes forestières est crucial dans la gestion durable des forêts. En tant qu’aménageurs du territoire, responsables de la sécurité publique, prescripteurs pour la valorisation du bois en tant que ressource énergétique et matériau de construction et gestionnaires de près de 3 millions d’hectares de forêts communales, les élus ont un impact direct sur les forêts et l’économie locale du bois. À la suite des violents feux de forêt de 2022, la FNCOFOR a ainsi intensifié ses actions de sensibilisation et d’accompagnement des maires sur la prévention du risque incendie – en insistant, notamment, sur les obligations légales de débroussaillement (OLD). Alors que le risque incendie s’étend à des régions françaises jusqu’alors relativement épargnées, près de 3 500 élus ont bénéficié de ces actions au terme de la seule année 2023.
Sur le terrain, d’autres initiatives se déploient pour protéger les forêts et les adapter à la nouvelle donne climatique. Ainsi, par exemple, des comités communaux feux de forêts (CCFF) : créés par les communes, ces comités regroupent des habitants qui se portent volontaires pour surveiller les forêts, détectant les départs de feux ou vérifiant l’état des pistes forestières et des aires de retournement (qui permettent aux sapeurs-pompiers d’intervenir). En service depuis une cinquantaine d’années, les CCFF sont particulièrement actifs dans les régions les plus soumises au risque incendie, où ils assurent une surveillance aussi discrète qu’indispensable.
Sensibiliser et former les jeunes à la préservation et à l’utilité de la forêt
Lutter contre les menaces immédiates est une chose ; prévenir les risques futurs et transmettre aux jeunes générations ce souci de la forêt en est une autre. Une dualité au cœur de la mission des communes forestières, qui mettent un accent particulier sur la sensibilisation des plus jeunes. La FNCOFOR a ainsi développé le programme « Dans 1 000 communes, la forêt fait école », une initiative qui confie aux enfants la responsabilité d’une parcelle de leur commune, afin de les sensibiliser à la gestion durable de la forêt. Objectif revendiqué : « découvrir la forêt de sa commune, comprendre le rôle des maires (…) et des acteurs forestiers locaux (et) acquérir une culture forestière ».
Des actions pédagogiques qui se déploient sur tout le territoire, comme à Magland, en Haute-Savoie, où les enfants de l’école primaire locale se réunissent pour gérer leur propre bout de forêt : les enfants « décident des coupes, de ce que l’on va planter et de la bonne gestion » de la parcelle, explique Stéphane Appertet, maire-adjoint de Magland. Soutenu par la FNCOFOR, le projet a aussi, de l’aveu même de ses concepteurs, pour but « de créer des vocations pour la filière bois. On retrouve des métiers comme le scieur, l’exploitant forestier, le charpentier, le menuisier et même parfois des sculpteurs ». Une manière de raviver un intérêt pour la forêt qu’ils côtoient au quotidien – pour mieux la protéger demain.