Une énergie stockable, potentiellement disponible en grande quantité, et qui n’émet pas de gaz carbone. L’hydrogène naturel pourrait devenir l’un des piliers de la future révolution énergétique. Aux quatre coins du monde, la recherche avance pour exploiter pleinement le potentiel de cet or blanc. Le groupe canadien Hydroma a même commencé à produire de l’électricité à base d’hydrogène naturel.
L’hydrogène naturel : du mythe à la réalité
Il y a encore vingt ans, les chercheurs étaient convaincus que l’hydrogène n’existait pas à son état naturel sous la croute terrestre. Les plus optimistes évoquaient des gisements possibles sous les fonds marins qui ne pourraient jamais être exploités. Mais les choses ont changé ces dernières décennies au fil des découvertes.
C’est en Russie, au début des années 2000, qu’un premier gisement d’hydrogène naturel est identifié, et permet de remettre en cause les postulats scientifiques de l’époque. Une découverte qui en amène rapidement beaucoup d’autres, et les années 2000 ont vu se multiplier les découvertes de gisements aux quatre coins du monde.
Aujourd’hui, des dizaines de gisements ont été identifiés sur tous les continents, de l’Amérique du Nord à l’Océanie, en passant par l’Europe ou l’Asie. Et de plus en plus d’acteurs économiques se lancent dans l’aventure de l’hydrogène naturel pour développer et utiliser cette source d’énergie qu’on devine de plus en plus abondante.
Hydroma : de l’hydrogène naturel pour électrifier le Mali
L’histoire d’Hydroma a commencé par un concours de circonstance. Son fondateur, Aliou Diallo, après avoir acquis des concessions minières autour du village de Bourakébougou, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Bamako, a vite réalisé qu’il n’y avait pas de pétrole dans cette région, mais n’en a pas moins découvert un gisement d’hydrogène naturel.
Bien décidé à exploiter cette opportunité, l’entrepreneur se lance corps et âme dans l’aventure de l’hydrogène et fait réaliser les premières études sismiques et la première cartographie détaillée d’un bassin d’hydrogène naturel au monde. Et là, bonne surprise : les réserves disponibles sont largement supérieures aux attentes initiales. Le projet est définitivement lancé.
Depuis 2012, Hydroma est la première entreprise au monde à produire de l’électricité grâce à l’hydrogène naturel à travers une unité-pilote de production qui permet d’offrir de l’électricité aux communautés de la région. Une première mondiale qui a fini de convaincre les sceptiques de l’immense potentiel de l’hydrogène naturel et du rôle que cette énergie pourrait jouer dans la transition énergétique.
Hydrogène naturel : grande compétition internationale pour son exploitation
Ces derniers mois, l’actualité de l’hydrogène naturel s’accélère. Parce qu’il s’agit d’énergie non polluante, parce que c’est un gaz facilement stockable, parce qu’aussi les scientifiques ont largement réévalué à la hausse les réserves mondiales, on assiste à une véritable course contre la montre pour la production industrielle d’hydrogène naturel.
Au niveau des États, un certain nombre de pays, à l’image de l’Allemagne, sont bien décidés à intégrer fortement l’hydrogène à leur mix énergétique et investissent en ce sens. La chancelière Angela Merkel vient d’annoncer un plan d’investissement de 9 milliards d’euros pour faire de son pays le pionnier en la matière, qu’il s’agisse d’hydrogène naturel ou d’hydrogène vert, produit sans émissions de CO2.
On observe la même volonté de se positionner sur l’hydrogène naturel du côté des majors de l’énergie. Le groupe français Total parie massivement sur l’hydrogène naturel et l’hydrogène vert pour décarbonner une partie de ses activités, notamment pour les poids lourds. Les autres majors pétroliers lui ont embrayé le pas.